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L'Apocalypse de Saint Jean : Chapitre 9

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Le cinquième Ange fit sonner sa trompette: je vis une étoile précipitée du ciel sur la terre. Et il lui fut donné la clé du puits de I' abîme. Elle ouvrit le puits de l'abîme, et il monta une fumée du puits, comme celle d'une grande fournaise. Le soleil fut obscurci, ainsi que l'air par la fumée du puits. Et, de cette fumée du puits, des sauterelles se répandirent sur la terre. Nous voyons maintenant réapparaître le thème des sauterelles, qui vient, comme évoqué plus haut, de la prophétie de Joël et qui, dans la tradition d'Israël, avait déjà une signification eschatologique et apocalyptique. La suite du texte nous montre bien que ces sauterelles représentent les puissances infernales, comme les sauterelles de Joël qui sont bien des sauterelles réelles, au sens zoologique si je puis dire, mais qui annonçaient d'autres sauterelles, qui apparaissent ici: les légions infernales qui déferlent sur la terre et qui sont à l'origine des calamités qui ont frappé les habitants de la terre.

De cette fumée, des sauterelles se répandirent sur la terre (les sauterelles sortent de l'abîme, de l'enfer). Il leur fut donné un pouvoir pareil à celui des scorpions de la terre. Il leur fut défendu de faire aucun tort à l'herbe de la terre, à rien de ce qui verdoie, ni à aucun arbre, mais seulement aux hommes qui ne portent pas sur le front le sceau de Dieu. Cela montre bien que ces sauterelles sont le signe d'un châtiment divin adressé à ceux qui jusque-là n'ont pas reconnu le Règne de Dieu, ceux qui s'opposent à Son Règne de miséricorde et de justice. En même temps, elles vont les inciter à la conversion, s'ils acceptent de se convertir.

Il leur fut permis non de les faire mourir, pour qu'ils puissent se convertir, mais d'être leur tourment cinq mois durant. Et le tourment qu'elles causent est comme celui de l'homme que blesse un scorpion. En ces jours-là, les hommes chercheront la mort et ne la trouveront pas. Ils souhaiteront mourir et la mort les fuira. Les sauterelles avaient l'aspect de chevaux équipés pour le combat, sur leurs têtes on eût dit des couronnes d'or, et leurs visages étaient comme des visages humains (Nous avons là une amplification du récit de Joël.) Elles avaient des cheveux comme des cheveux de femme, et leurs dents étaient comme des dents de lions. Elles semblaient être cuirassées de fer et le bruit de leurs ailes était comme le bruit de chars à plusieurs chevaux courant au combat. Elles ont des queues comme celles des scorpions, armées de dards, et dans leurs queues réside leur pouvoir de nuire aux hommes cinq mois durant. Ces sauterelles ont donc aussi, en quelque sorte, la force des chevaux. Le cheval dans l'Ancien Testament est un animal essentiellement guerrier. En Israël on ne se servait pas des chevaux pour les labours, mais des bœufs pacifiques. Ces sauterelles ont également un aspect séduisant, comme l'a toute la tentation, « avec des cheveux de femme » est-il notamment précisé. Mais en même temps, elles ont un aspect de férocité « les dents comme les dents de lion » et de fourberie « elles frappent avec leur queue », comme les scorpions qui ont du venin dans leur queue. Elles ont comme roi l'Ange de l'abîme qui se nomme, en hébreu, Abaddôn et, en grec, porte le nom d'Apollyôn (Ap 9, 11). Il s'agit là d'un jeu de mots: « appollyôn » signifie la perdition, comme « Abaddôn », mais évoque en même temps le dieu païen Apollon.

Le premier « malheur » est passé: voici, deux « malheurs » qui viennent encore à la suite. Le sixième Ange fit sonner sa trompette: j'entendis une voix venant des cornes de l'autel d'or qui se trouve devant Dieu. Elle disait au sixième Ange qui tenait la trompette: « Libère les quatre Anges qui sont enchainés sur le grand fleuve Euphrate. » On libéra les quatre Anges qui se tenaient prêts pour l'heure, le jour, le mois et l'année où ils devaient mettre à mort le tiers des hommes. Et le nombre des troupes de la cavalerie était: deux myriades de myriades. J'en entendis le nombre. Tels m'apparurent, dans la vision, les chevaux et leurs cavaliers: ils portaient des cuirasses de feu, d'hyacinthe et de soufre. Les têtes des chevaux étaient comme des têtes de lion, et leurs bouches vomissaient le feu, la fumée et le soufre.

Par ces trois fléaux, le feu, la fumée et le soufre, que vomissaient leurs bouches, le tiers des hommes périt. Car le pouvoir des chevaux réside dans leurs bouches ainsi que dans leurs queues. En effet, leurs queues ressemblaient à des serpents, elles ont des têtes et par-là peuvent nuire. Quant au restant des hommes, ceux qui n'étaient pas morts sous le coup des fléaux, ils ne se repentirent pas des œuvres de leurs mains, ils continuèrent à adorer les démons, les idoles d'or ou d'argent, de bronze, de pierre ou de bois, qui ne peuvent ni voir, ni entendre, ni marcher. Ils ne se repentirent pas de leurs meurtres ni de leurs sortilèges, de leurs débauches ni de leurs vols. »

Cette finale du neuvième chapitre de l' Apocalypse nous montre bien que tous ces fléaux avaient pour but de conduire les habitants de la terre, ces hommes qui jusque-là se sont montrés rebelles, à la conversion, mais que malheureusement ils ne se convertissent pas. C'est ce qui se passe encore et toujours. Nous sommes en permanence en présence du même thème, d'après lequel une partie de l'humanité, que nous ne devons pas chercher à identifier, s'oppose au Règne de Dieu, à toutes les valeurs que Dieu nous a proposées et qu'il nous a apportées par le Christ. En même temps, le fait de recevoir le baptême, de porter le sceau du Christ par les sacrements, ou peut-être d'une manière invisible par tout homme qui est docile à ce que Dieu lui manifeste intérieurement, cela fait entrer dans le peuple de Dieu. Il y a ceux qui acceptent et ceux qui refusent le salut que Dieu leur apporte. C'est le « jeu » de la liberté de chacun! Bien sûr, il s'agit de personnes que nous ne pouvons pas identifier ni désigner, mais Dieu sait les secrets du cœur.

On peut aussi interpréter cette séparation d'une manière plus spirituelle, en se disant que c'est en nous même qu'il y a la partie qui accepte le Règne de Dieu, et celle qui le refuse. Tous ces fléaux peuvent alors signifier les interventions de Dieu par lesquelles Il détruit progressivement en nous tout ce qui s'oppose à Son Règne. Nous vivons alors cette apocalypse de Dieu dans l'Histoire, et il ne faut jamais évacuer cet aspect historique de la révélation et du dessein de Dieu. Il y a réellement eu un moment dans l'Histoire de l'Église et de l'Humanité, correspondant à la première venue du Christ sur terre et jusqu'à Son Retour à la fin des temps. Il s'agit bien d'une période historique, qui s'inscrit réellement dans le déroulement du temps. Mais. à côté de cet aspect historique, il y a en même temps une histoire personnelle qui en constitue une sorte de réplique intérieure. En nous même il y a une révélation et une intervention de Dieu, qui ont pour but de libérer en nous ce qui nous fait adhérer à Son Règne, qui adhère à sa personne et aussi détruire toute chose qui s'oppose à ce Règne de Dieu.

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