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Recension du livre «Pour ceux qui sont affligés et accablés : l'Apocalypse de Saint jean » par le Père Dominique Beaufils

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Les Editions du Monastère de la Transfiguration ont édité, en ce début de l’année 2023, un livre remarquable sur l’Apocalypse de Saint Jean. Livre remarquable…On devrait dire, en vérité, livre transfigurant car il nous entraîne dans des hauteurs spirituelles sublimes.

Le livre de l’Apocalypse est peut-être le plus difficile et le plus mystérieux de tout le Nouveau Testament. Il semble n’avoir trait qu’à la fin des temps, annoncée par de nombreuses catastrophes et marquée par les combats de Satan. Tout y est exprimé dans un langage symbolique difficile à saisir, souvent redoutable, rebutant pour beaucoup, faisant de ce livre celui qui est le plus méconnu du nouveau Testament. En réalité, il est centré sur le Règne de Dieu et la victoire du Christ. Sa perspective est celle de la vie éternelle et du salut en Christ, qui dépasse, mais aussi jette la Lumière sur ce qui paraît terrifiant et hermétique. « C’est cela qu’il faut rechercher dans l’Apocalypse, et non pas la description de catastrophes advenues ou de phénomènes extraordinaires qui devraient se produire à l’approche du Jugement Dernier. »

Il n’est pas possible de faire le survol d’un texte d’une telle richesse sans être réducteur. Nous nous bornerons à signaler quelques points marquants parmi tant d’autres.

Dans une première partie, l’Archimandrite Placide (Deseille), de bienheureuse mémoire, replace l’Apocalypse dans le contexte de l’ancien testament, en particulier des livres prophétiques ; dans un contexte évangélique, et l’on voit l’analogie tant avec l’Apocalypse que rapportent les Evangiles synoptiques, qu’avec les Paroles du Christ ; dans le contexte du temps de l’Eglise qui nous mène au second et glorieux Nouvel Avènement, replaçant l’Apocalypse dans l’actualité que nous vivons depuis les persécutions de l’Eglise naissante, en particulier sous Néron, mais que nous connaissons également de nos jours, quelle qu’en soit la forme, jusque dans l’histoire future, dans le temps divin de Celui Qui était, Qui est et Qui vient, l’alpha et l’omega. L’harmonie de la présentation, alternant les textes du livre de l’Apocalypse, les citations vétéro- et néotestamentaires, et l’exégèse du père Placide, permet une progression continue dans la lumière qu’apporte ce livre.
Un aspect important est celui de la Liturgie céleste, qui est « comme le contrepoint de tous les cataclysmes, catastrophes et persécutions qui existent sur terre », dont « la Liturgie terrestre est la présence parmi nous ». Et le père Placide montre que l’Apocalypse est aussi une véritable théologie de la Liturgie.
Bien que l’exégèse de chaque chapitre soit lumineuse, celle du douzième en montre qu’il est le point central autour duquel tourne tout le livre. Il évoque le proto-Evangile de la genèse, et l’avertissement divin à la femme et au serpent, qui est « le grand dragon, l’antique serpent » qui est précipité. Il montre que la mise au monde de « l’enfant mâle » représente moins la naissance du Christ à Bethléem que Sa mort et Sa résurrection qui sont Sa victoire sur Satan, qui pourra cependant nuire à l’Eglise dans la continuité des temps jusqu’à la Parousie, qui est l’accomplissement de la victoire du Christ, la venue sur terre de la Jérusalem céleste.

Dans la seconde partie, l’Archimandrite Elie (Ragot), higoumène du Monastère de la Transfiguration, revient sur l’actualité de l’Apocalypse, dans les tribulations et les épreuves, tant extérieures qu’intérieures, que nous vivons ; sur l’actualité de la lutte que Satan mène contre Dieu, par le biais de ses anges modernes, partout et sous toutes ses formes. Il replace ainsi au cœur de l’Apocalypse la vie de chaque personne humaine, qui en « porte en elle-même tout le drame …qui est le champ de bataille, l’arène où se joue le combat cosmique que décrit l’Apocalypse ».
A côté de cela, il reprend et développe amplement et de façon lumineuse le caractère « apocalyptique » de la divine Liturgie, mais aussi de la prière, en particulier de la prière du cœur, et de la psalmodie.

Un passage captivant est l’expression de l’Apocalypse dans l’art médiéval, témoin de sa profonde connaissance.
Il parle ensuite du rôle des « témoins » contemporains, certains connus, voire canonisés, mais la plupart anonymes ou volontairement occultés, montrant qu’« il est urgent de réaliser plus que jamais que notre vie n’est pas sur terre, mais au Ciel, et qu’il nous faut être martyrs-témoins. » Parmi ces témoins, il parle avec beaucoup de justesse et d’amour ce celui dont il est lui-même l’un des disciples, le bienheureux Geronda Aimilianos, qui « fut véritablement un témoin et un prophète de l’Apocalypse ».

Que me soit pardonnée la pauvreté de ces commentaires face à la richesse de ce livre. Le seul témoignage que l’on peut en apporter est qu’on ressort de sa méditation autre que ce que l’on était en y entrant et qu’il nous permet « de courir avec joie vers la glorieuse Seconde Parousie ». Oui, viens, Seigneur Jésus ! 

Père Dominique Beaufils

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